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PORTFOLIOS & TÉMOIGNAGES

BRUNO VAUTRELLE

a participé à : masterclass #2 – 2022

Je suis arrivé à cette masterclass avec un projet au long cours qui n’avançait plus, avec les deux pieds dans le même sabot. Grâce à une confrontation déstabilisante, éprouvante, et finalement salvatrice avec le soutien des intervenants exigeants, Oeildeep m’a permis d’y voir clair, de m’extraire d’une réflexion trop isolée et de me remettre en marche. J’ai enfin réussi à faire le pas de côté nécessaire pour mener mon projet à bien. Et tout ce chemin dans une atmosphère de travail chaleureuse en groupe et en apprenant du travail de chacun.

Merci à Jane, Sonia, Jean-Christian et Nicolas pour ces 6 mois fulgurants et intenses. Une expérience à refaire.

BRUNO VAUTRELLE

a participé à : masterclass #2 – 2022

Je suis arrivé à cette masterclass avec un projet au long cours qui n’avançait plus, avec les deux pieds dans le même sabot. Grâce à une confrontation déstabilisante, éprouvante, et finalement salvatrice avec le soutien des intervenants exigeants, Oeildeep m’a permis d’y voir clair, de m’extraire d’une réflexion trop isolée et de me remettre en marche. J’ai enfin réussi à faire le pas de côté nécessaire pour mener mon projet à bien. Et tout ce chemin dans une atmosphère de travail chaleureuse en groupe et en apprenant du travail de chacun.

Merci à Jane, Sonia, Jean-Christian et Nicolas pour ces 6 mois fulgurants et intenses. Une expérience à refaire.

CONTRÔLE 

Une randonnée en Corse : à travers les fourrés, un renard approche de mon bivouac. Plus près encore. Puis un petit miracle : durant une dizaine de secondes, nous nous sommes dévisagés. Moment fascinant où crainte et méfiance étaient suspendues. Chaque seconde pesant l’éternité d’un instant à contempler de près la beauté de cet animal.

Je songeais depuis longtemps à travailler sur le monde sauvage, cette rencontre a probablement été le déclic. Restait à savoir sur quelles espèces travailler. D’une enfance rurale, je garde le souvenir de la désaffection, de la répulsion qui frappait certains animaux , renards, chouettes, corbeaux, fouines, loups … Tous ceux qui pouvaient représenter encore une menace, affublés du mauvais sort, qualifiés de nuisibles, mis à distance et minutieusement éliminés.

Animaux sombres et nocturnes. Prédateurs concurrents. Ils fascinent et révulsent dans le même temps. Chassés, presque éradiqués, puis protégés, ceux-là m’ont toujours attiré, je ressentais comme une profonde injustice la haine qui les accablait. J’ai naturellement commencé mon travail avec eux. On protège ce que l’on aime et on aime ce que l’on connaît. C’est dans cet esprit que j’ai engagé une série de portraits d’animaux autrefois « honnis ». Je voulais offrir à qui les regarderait une part de l’émerveillement ressenti avec le renard.

Au terme d’un long travail d’observation, j’ai mis en place un dispositif pour saisir un instant de cette vie sauvage que l’animal voulait bien me donner. Pour offrir une confrontation directe avec les animaux, j’ai capturé avec précision et technicité ces mal-aimés de la biodiversité. Je voulais en donner une vision rapprochée en portant l’attention sur les délicats détails, les motifs complexes et les tonalités subtiles invisibles à l’œil nu. Être au plus près de l’animal pour révéler l’unicité de l’espèce tout en effaçant la distance mentale et physique qui nous en sépare.

Ainsi, photographiés comme en studio, ces portraits devant un fond neutre noir éliminent tout contexte afin de focaliser l’attention sur l’animal, sans laisser son environnement influer sur notre perception. Lorsque j’ai commencé à exposer mes premières productions, j’ai constaté que les images procuraient un effet de l’ordre de l’enchantement. Enchantement de l’animal jamais vu comme cela, à la fois naturel dans son mouvement et formidablement esthétique. Ce résultat a peut-être trahi mes espérances. Trop beau, trop magnifié, au point d’en faire oublier une dimension essentielle : la menace qui continue à peser sur ces espèces, la prédation que nous exerçons sur la nature.

Dans le processus de création de ces premières images, je gommais le dispositif qui me permettait de les photographier : un appât, une marque au sol, la présence du dresseur… Revisitant ma démarche, j’ai alors pris conscience que j’enlevais ce qu’il convenait de garder ! En laissant apparaître la « mécanique », les procédés, qui me permettent de photographier au plus près ces animaux, je renvoie par là même aux rapports qui gouvernent la faune sauvage et les humains. Rapports de force, de contrôle, de pouvoir, de domination… Alors que les hommes dépassent la barre des huit milliards sur la planète, seuls 3% des mammifères vivent encore à l’état sauvage.

Parallèlement aux tirages argentiques d’exposition contrecollés et encadrés en bois noir, je fais sortir les animaux sauvages de leur cadre en les collant en grand format sur les murs de la ville, de façon éphémère, ré-ensauvageant ainsi le quotidien. Les dresseurs avec lesquels j’ai travaillé parlent d’imprégnation : ils peuvent obtenir de leurs animaux un certain nombre de choses car ces derniers ont été, dès leur naissance, habitués à l’humain. Ils se sont imprégnés au dresseur. Avec ce second volet de mon travail, je propose un renversement de l’imprégnation : que les humains des villes s’imprègnent un peu des animaux sauvages ; ne serait-ce qu’à travers un regard furtif.

https://www.9lives-magazine.com/93202/2023/02/10/masterclass-oeildeep-controle-par-bruno-vautrelle/