BENOÎT ALLOUIS
a participé à : masterclass #2 – 2024
”Après 5 années de travail assez solitaire sur le même projet, j’étais à la recherche d’un espace pour présenter mes images, apprendre à en parler, et pouvoir échanger sur toutes les questions qui m’habitent. J’ai trouvé chez Oeildeep toute l’intelligence collective que je cherchais, en me confrontant à des écritures photographiques très diverses et des points de vue parfois assez divergents. Ces six mois de masterclass m’ont surtout permis de prendre le temps de regarder dans mes angles morts, d’interroger ma position de photographe et les limites de ma perception, de clarifier mes intentions, et de réfléchir sur mon rapport aux territoires qui sont au cœur de mon travail (et aux responsabilités qui en découlent). Merci à tous·tes, c’était trop court !
.
BENOÎT ALLOUIS
a participé à : masterclass #2 – 2024
”Après 5 années de travail assez solitaire sur le même projet, j’étais à la recherche d’un espace pour présenter mes images, apprendre à en parler, et pouvoir échanger sur toutes les questions qui m’habitent. J’ai trouvé chez Oeildeep toute l’intelligence collective que je cherchais, en me confrontant à des écritures photographiques très diverses et des points de vue parfois assez divergents. Ces six mois de masterclass m’ont surtout permis de prendre le temps de regarder dans mes angles morts, d’interroger ma position de photographe et les limites de ma perception, de clarifier mes intentions, et de réfléchir sur mon rapport aux territoires qui sont au cœur de mon travail (et aux responsabilités qui en découlent). Merci à tous·tes, c’était trop court !
BLIND SPOTS (2019 – 2025)
J’avais sous les yeux la carte du métro, je voyais se déployer un labyrinthe coloré fait de lignes et de points, et sur ces points, des noms qui n’appellent que des images floues, qui ne m’évoquent rien de précis, rien de tangible. Ma vie d’adulte se déroule à Paris et New York : je vis au cœur de ces villes, je crois les connaître, mais à vrai dire, j’ignore presque tout de ce qui n’est pas autour de moi, au centre de la cité. Depuis ce constat en 2019, j’arpente à pied ou à vélo les boroughs de New York et les quatre coins du Grand Paris pour réaliser ces paysages que je n’arrive pas à imaginer. Je détermine au préalable des itinéraires, j’essaye de m’y tenir, je cherche des repères visuels pour m’orienter, je pose des jalons, je me laisse surprendre par une perspective inattendue, je prends des notes pour plus tard, j’atteins le bout de la carte.
Blind Spots est le résultat de cinq années passées à la recherche de ces villes invisibles et à me questionner sur leurs représentations. Qui produit cette invisibilité – quelle est ma part de responsabilité ? Qu’est-ce qui mérite image – où placer le cadre ? Comment représenter ce qui s’efforce d’échapper au regard et ces lieux où les images glissent – à quelle distance ? L’utilisation d’une chambre 4×5″, d’un trépied et d’un type de film noir & blanc peu sensible m’obligent à travailler méthodiquement. Ce dispositif me permet de regarder la ville sous tous ses angles, à l’envers, à la loupe, et me donne la possibilité de produire des images extrêmement précises. Je cherche à ce que mes photographies soient aussi fidèles que possible à mon expérience de ces paysages, mais j’ai conscience qu’elles ne seront jamais plus qu’une collection de points de vue subjectifs – ceux d’un étranger (à La Courneuve comme à Ozone Park, je suis un outsider, pour des raisons différentes). Elles sont particulièrement paradoxales : si elles contiennent tout ce que j’ai réussi à percevoir, elles montrent aussi, en négatif, tout ce qui continue à m’échapper. C’est à tout cela que renvoie le titre de ce projet : on peut le traduire par angles morts, mais au singulier il signifie également point aveugle (la portion de la rétine où s’insère le nerf optique, qui est dépourvue de photorécepteurs).
Il y a au cœur de Blind Spots une tentative de décentrement, une volonté de corriger ma perspective sur les métropoles que j’habite. C’est ma manière de lutter contre les forces qui m’ont longtemps assigné à résidence, un stratagème pour ne pas rester confiné dans un coin de la carte.
Site web : https://www.benoitallouis.com
Instagram : @ben.allouis