BASTIEN DEFIVES
a participé à : masterclass #3 – 2023
”Je suis arrivé à la masterclass Oeildeep avec un gros projet documentaire réalisé ces 20 dernières années et jusqu’alors organisé par séries géographiques. Je voulais faire exister tout ça comme un ensemble, mais sans savoir par quel bout le prendre pour en faire un livre. Les échanges fluides, bienveillants et intransigeants avec les formateurs comme avec les autres participants lors des diverses cessions m’ont permis de redécouvrir ce travail sous un jour nouveau. Les avis parfois divergeants des différents interlocuteurs m’ont aidé à trouver ma propre voie dans ces images. Eclatant le cadre de la photo documentaire dans lequel je contraignais ce projet jusqu’alors, j’ai cheminé vers un récit plus personnel, sensible et sincère, plus proche de l’expérience vécue lors des prises de vues. Merci !
BASTIEN DEFIVES
a participé à : masterclass #3 – 2023
”Je suis arrivé à la masterclass Oeildeep avec un gros projet documentaire réalisé ces 20 dernières années et jusqu’alors organisé par séries géographiques. Je voulais faire exister tout ça comme un ensemble, mais sans savoir par quel bout le prendre pour en faire un livre. Les échanges fluides, bienveillants et intransigeants avec les formateurs comme avec les autres participants lors des diverses cessions m’ont permis de redécouvrir ce travail sous un jour nouveau. Les avis parfois divergeants des différents interlocuteurs m’ont aidé à trouver ma propre voie dans ces images. Eclatant le cadre de la photo documentaire dans lequel je contraignais ce projet jusqu’alors, j’ai cheminé vers un récit plus personnel, sensible et sincère, plus proche de l’expérience vécue lors des prises de vues. Merci !
DES RIVES
Fuir le quotidien des jours pareils, l’écran d’ordi, les cases dans lesquelles on s’enferme pour dormir, bosser, manger, les rues bétonnées, les horaires dictés par les montres, la lourdeur de la logistique familiale et administrative, les RDV, les trucs à dire ou a faire, les comptes à rendre… S’extirper et marcher. Longer la mer. Se retrouver seul dehors tout le temps. Décider quand je m’arrête, quand je pisse, où je dors, si je mange, quand je fume. Solitude heureuse, active, contemplative, avancer sur les chemins, les plages, les bois, les villes. Ne porter aucune clef. Téléphone éteint. Pas d’horaires juste le soleil et les marées. Ne rien prévoir et que tout se passe bien, dormir n’importe où. La pluie, le vent, le froid, le chaud, les odeurs, l’estran, la vie, la lumière, le corps qui en chie, le sac, les cloques, la soif, le béton, le sable, les plages interminables, les criques insoupçonnées, les belles rencontres, l’aube, la douceur des bleus, la boue, les arbres, les bêtes, les hommes, les bruits, la rosée… Des semaines à suivre la mer. Faire arriver sur mes jambes les endroits inconnus de la carte, y dormir et regarder monter la lumière, croiser des animaux, des gens. Ou ne rencontrer personne, pas envie, rester au bord du monde… Partir loin tout seul dans ma tête. Le vent entre les oreilles, les idées qui filent sans s’arrêter ou qui bloquent sur un son, une sensation, l’éblouissement, l’horizon. N’être là que pour moi, ici et maintenant. Et regarder. Faire des photos. Tout le temps.
Entre 2004 et 2023, je parcours ainsi l’intégralité du littoral de la France métropolitaine, en quelques 16 mois de marche solitaire. Je regarde cette ligne comme dans l’enfance, lorsque le temps n’existe pas encore. Je découvre chaque lieu une première fois, entièrement, sans savoir déjà mais en sentant confusément que tout ne sera bientôt plus comme maintenant.